Lors de sa séance d'interview sur Guest Africa avec Radio France Internationale (RFI), le président du groupe Heirs Holdings, Tony O. Elumelu, a évoqué l'africapitalisme, l'innovation en Afrique, l'entrepreneuriat et l'impact de la Fondation Tony Elumelu dans la démocratisation de l'accès aux opportunités et l'autonomisation des femmes. et les hommes sur le continent, pour accélérer la croissance socio-économique de l'Afrique.
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Il est un modèle, une source d'inspiration pour des milliers de jeunes en Afrique. Il est considéré comme l’un des plus éminents champions de l’entrepreneuriat sur le continent. Le milliardaire nigérian Tony Elumelu a un parcours absolument édifiant. Il a débuté sa carrière comme vendeur de photocopieurs, il préside aujourd'hui la United Bank For Africa (UBA), un groupe panafricain de services financiers présent dans une vingtaine de pays. Il est également à la tête de Heirs Holdings, une société d'investissement destinée à transformer l'Afrique, en se concentrant sur des secteurs clés (services financiers, électricité, santé, etc.). Enfin, en 2010, il crée la Fondation Tony-Elumelu, qui forme la nouvelle génération d'entrepreneurs africains, en s'inspirant de sa philosophie économique : « l'Africapitalisme ». Le milliardaire nigérian Tony Elumelu est, ce dimanche 25 juin, l'invité de RFI.
RFI : Expliquez-nous ce qu'est « l'Africapitalisme », cette philosophie économique que vous défendez.
Tony Elumelu : Je suis un chef d'entreprise en Afrique. Je suis un philanthrope en Afrique. Je suis également un investisseur dans de nombreux pays du continent. Et c'est surtout dans la jeunesse que j'investis. Au fil du temps, j'ai développé une conviction : c'est à nous, Africains, de développer l'Afrique au 21e siècle. Et pour y parvenir, le secteur privé doit prendre les devants, s'appuyer sur l'économie du continent. J'ai vu qu'avec de vrais investissements, nous pouvons surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés. C'est pourquoi j'ai créé cette philosophie : "Africapitalisme". Il s'agit d'un appel au secteur privé pour qu'il investisse dans le développement du continent. Nous avons besoin d'investissements à long terme dans les secteurs stratégiques de l'économie africaine. C'est ce qui créera la prospérité économique, la richesse sociale, les emplois... C'est ce qui permettra aux femmes de participer aux activités économiques et d'éradiquer la pauvreté en Afrique. C'est cela l'"africapitalisme".
En termes d'innovations, l'Afrique anglophone donne parfois l'impression d'être plus avancée que l'Afrique francophone. Partagez-vous ce point de vue ?
Je fais des affaires dans plus de vingt pays d'Afrique. J'ai été confronté à des cultures différentes, d'un pays à l'autre. Dans certaines régions d'Afrique francophone, la culture du travail est en effet un peu différente. Mais ce que je vois aussi, c'est qu'avec la technologie, les réseaux sociaux et le numérique, le monde se globalise. Les gens s'influencent les uns les autres de manière positive. Je remarque que les comportements, les attitudes, sont de plus en plus similaires. Les gens ont de plus en plus l'esprit d'entreprise. Vous savez, je parle à de jeunes entrepreneurs au Cameroun. Je parle à des entrepreneurs en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso et au Mali. Leur enthousiasme, je le vois. Ils adoptent cette attitude entrepreneuriale. Et c'est tant mieux ! Mais il y a une chose que je dis aux gouvernements : les entrepreneurs réussissent lorsque les États décident délibérément de les soutenir et de créer un environnement favorable. C'est ce que la plupart des gouvernements africains devraient faire. Si vous voyez un pays où le secteur privé se développe, où les entrepreneurs prospèrent, c'est que le gouvernement a bien fait les choses. Les dirigeants africains doivent donc veiller à soutenir leurs entrepreneurs pour qu'ils réussissent.
C'est un point intéressant. Mais ne pensez-vous pas que le manque de démocratie dans certains pays, francophones en particulier, peut être un obstacle au développement de l'esprit d'entreprise, à la création de start-ups ?
Il existe une corrélation positive entre la démocratie, la bonne gouvernance et le succès du secteur privé et des entrepreneurs. Nous avons donc besoin de gouvernements qui encouragent délibérément l'esprit d'entreprise. Nous avons besoin de gouvernements qui créent des environnements favorables, des lois fiscales, des infrastructures, des politiques cohérentes, des politiques macroéconomiques stables. Nous avons besoin de gouvernements qui facilitent le climat des affaires et la création d'entreprises. Tels sont les facteurs qui permettent aux entrepreneurs de réussir. Et les gouvernements qui ne le font pas ne s'en sortiront probablement pas mieux.
La Fondation Tony-Elumelu a été créée pour renforcer les capacités des femmes et des hommes du continent et accélérer la croissance économique du continent. Votre fondation montre que vous avez une confiance inébranlable dans la jeunesse africaine. Comment faites-vous pour que tous ces jeunes croient en eux ?
Ma propre histoire. Ce qui m'a permis de croire en moi, c'est d'avoir une attitude positive face à la vie. Il faut aussi voir les choses à long terme. Vous souffrez peut-être aujourd'hui. Mais dites-vous que les choses finiront par s'améliorer. C'est cet espoir qui vous porte. Et puis l'univers fait en sorte que les bonnes choses arrivent. Le potentiel de l'Afrique est énorme. Mais en même temps, nous savons que nous devons travailler dur pour transformer ce potentiel en réalité. Ce que je dis aux jeunes entrepreneurs africains, c'est que l'environnement dans lequel ils évoluent est difficile. Mais n'abandonnez pas. Faites preuve de résilience. Continuez à essayer. Regardez quelqu'un comme moi, Tony Elumelu : Je ne suis pas le fils d'un milliardaire et pourtant, j'ai réussi en Afrique. Cela signifie que vous pouvez vous aussi réussir, et même mieux que moi ! Mais vous devez travailler dur. Faire preuve de résilience. Se concentrer. Être prêt à faire des sacrifices. Et là, vous irez loin dans la vie. L'aventure entrepreneuriale n'est pas facile. Elle est faite de hauts et de bas. Il faut donc rester concentré et avoir une vision à long terme car c'est là que tout va se jouer.
Vous êtes un modèle, une source d'inspiration pour de nombreux entrepreneurs africains. Vous avez commencé votre vie comme vendeur de photocopieuses. Quel est le secret de votre réussite ?
Travail acharné. La résilience. La persévérance. Discipline. Concentration. Il est également important d'apprendre à économiser et à ne pas consommer tout ce que l'on a sous la main. Si vous avez un dollar entre les mains, mettez-en une partie de côté. Si vous ne le faites pas quand vous avez un dollar, vous ne le ferez pas quand vous aurez un milliard de dollars. Enfin, la chose la plus importante est la grâce de Dieu.
Depuis Radio France Internationale