Alors que le monde met tout en œuvre pour stopper la propagation du COVID-19, il mène un combat parallèle : empêcher les économies de s'effondrer. Fin mars, l'Union africaine a lancé un Fonds spécial dont la mise de départ s'élève à 1,4T 17 millions. Mais l'organisation panafricaine espère récolter 1,4 milliard de tonnes.
L'UA compte donc sur la contribution des Etats membres, du reste de la communauté internationale et des grandes fortunes du continent. Mais depuis le début de la crise sanitaire et face aux conséquences économiques qu'elle provoque, les familles les plus riches et les personnalités africaines concentrent les actions philanthropiques dans leur pays d'origine.
► Questions à Alexander Trotter, l'un des administrateurs de la Fondation Tony Elumelu et membre du conseil d'administration de l'UBA (United Bank of Africa).
RFI : Que font la banque UBA et la Fondation Tony Elumelu face à la crise sanitaire actuelle ?
Alexander Trotter : L'UBA et la Fondation Tony Elumelu a agi très rapidement, de manière très ouverte et panafricaine. La crise sanitaire a entraîné la fermeture des frontières de nombreux pays, mais les frontières ne sont pas fermées aux idées et à l'assistance. La Fondation UBA a fait un don direct de $ 14 millions à l'ensemble des 20 pays africains où la banque opère. Cet argent a été remis aux gouvernements respectifs. Tony Elumelu (le patron de la banque) soutient l'idée de trouver une solution panafricaine, et pour les 54 pays du continent africain, la Fondation a mis en place un programme en ligne pour continuer à former les jeunes entrepreneurs. Cette formation est très importante. UBA et la Fondation Tony Elumelu ont donné de l'argent, mais aussi des idées et du soutien.
Parmi ces idées, comptez-vous également l'appel de Tony Elumelu en faveur d'un plan Marshall pour l'Afrique ?
Absolument. Le reste du monde doit agir clairement pour l'Afrique. Les États africains sont moins bien équipés que l'Allemagne ou les États-Unis, par exemple, pour s'entraider économiquement dans cette situation. Tony Elumelu tente donc d'alerter les hommes politiques et les chefs d'entreprise pour qu'ils apportent une aide stratégique. Mais nous devons aussi aider les jeunes entrepreneurs. Et pendant cette période (pandémie COVID-19), nous sommes vraiment orientés vers la recherche de moyens virtuels pour aider les gens. Avec le portail TEFConnect, qui compte actuellement un million d'utilisateurs, nous fournissons des informations sur la santé, mais nous formons aussi des personnes à la gestion d'entreprise pendant cette période.
L'idée est-elle d'aider les propriétaires de PME à éviter la faillite en cette période de crise économique et sanitaire ?
Nous cherchons en effet des solutions immédiates pour préserver la santé, mais nous cherchons aussi des solutions pour l'économie, maintenant et après la crise sanitaire. Concernant les solutions sanitaires, il y a des Africains pointus dans les innovations technologiques, pourquoi ne pas voir ce qu'ils peuvent offrir, par exemple dans la recherche de vaccins. Et sur le plan économique, il faut que les entreprises puissent survivre à cette crise.
L'Union africaine estime que les grandes fortunes du continent sont moins promptes à financer le fonds spécial créé pour lutter contre la pandémie de coronavirus (COVID-19) et réparer les dégâts économiques causés par la crise sanitaire ?
En Europe, aux États-Unis et en Asie, les gouvernements ont lancé des programmes pour aider les entreprises. Des programmes de subventions pour les employés. C'est la même chose en Afrique, mais le problème est que sur ce continent, les États ont moins de marge de manœuvre. Ensuite, l'économie reste encore moins formalisée. C'est pourquoi la crise économique risque d'être profonde en Afrique. Le monde doit le comprendre. Certes, les grandes entreprises ont aidé et les Africains doivent jouer le rôle principal, mais ils ont besoin du soutien du monde entier.
Publié à l'origine dans rfi